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puce Relance du projet autoroutier entre Lyon et Saint-Étienne : un scandale agricole, environnemental et économique
Coline Sauzion

Depuis l’arrivée de Laurent Wauquiez à la présidence de la région Auvergne Rhône-Alpes fin 2015, le projet d’autoroute A45 est réapparu sur l’agenda politique comme une priorité. Ce projet, qui prévoit de doubler l’autoroute gratuite existant entre Lyon et Saint-Étienne en reliant Brignais (banlieue sud de Lyon) à La Fouillouse (banlieue nord de Saint-Étienne), détruirait non moins de 500 hectares de terres agricoles.

Après des années d’instruction du dossier, ce projet lancé dès 1993 refait surface aujourd’hui, venant honorer les promesses de campagne de François Hollande aux présidentielles et de Laurent Wauquiez aux régionales. C’est avant tout leur allégeance à Vinci, le constructeur et concessionnaire de la future autoroute, que les autorités politiques confirment ici. En effet, le coût de cette opération est estimé à 1,5 milliards d’euros parmi lesquels 845 millions d’argent public, ceux-ci correspondant à la « subvention d’équilibre » (financée par l’État et par les collectivités territoriales) exigée par Vinci pour compenser un projet jugé non rentable. Au moment même où des réductions budgétaires drastiques sont imposées à un grand nombre d’associations de la région Auvergne-Rhône-Alpes, 845 millions d’argent public seraient accordés à une entreprise du secteur privé pour la soutenir dans la construction d’une autoroute payante.

Un des arguments phare avancé par les défenseurs du projet est que l’autoroute devrait permettre de « désenclaver » Saint-Étienne et de dynamiser par là-même son « développement économique ». Pourtant, dans la majorité des cas, lorsque deux villes sont reliées par une autoroute, le « développement » escompté bénéficie toujours à la plus « grosse ». L’autoroute A45, en facilitant les mouvements pendulaires dans le sens Saint-Étienne - Lyon, renforcera certainement la dépendance de la capitale ligérienne envers la métropole lyonnaise.

Mais surtout, comment parler de « développement économique » quand ce sont des centaines d’emplois liés à l’activité agricole (directement ou indirectement) qui seront détruits par cette autoroute. Une fois encore, la profession agricole est foulée du pied, comme si l’activité économique qu’elle générait ne valait rien. En effet, cette autoroute viendrait décimer une région à l’activité agricole dynamique, composée dans sa grande majorité de fermes familiales, et possédant un très fort potentiel de développement des circuits courts de distribution dans un bassin de consommation conséquent. D’ailleurs, de nombreux canaux de vente direct de produits agricoles existent déjà sur ce territoire. C’est notamment là, à mi-chemin entre Lyon et Saint-Étienne, sur la commune de Saint-Andéol-le-Château qu’est implanté le premier point de vente collectif français, Uniferme, dès 1978. C’est à cette date que sept amis agriculteurs décident de mettre en commun leurs productions pour les vendre directement aux consommateurs sous un petit cabanon implanté au bord de la route. Aujourd’hui, le magasin Uniferme, qui fonctionne en autogestion, regroupe plus de 18 fermes (fournissant au total une quarantaine d’emplois). Environ une dizaine de fermes liées à Uniferme seraient touchées par le projet autoroutier et ne pourraient continuer leur activité. Il est dramatique que les décideurs face fi d’une expérience telle celle d’Uniferme, qui prouve depuis presque quarante ans qu’une agriculture à échelle humaine, économiquement et écologiquement viable est possible. Hormis les paysans d’Uniferme, de nombreux autres agriculteurs du territoire verront leur activité impactée négativement par le passage de l’autoroute. La violence structurelle qui s’exerce partout sur la planète à l’encontre des paysans -forcés de cesser d’exister par l’imposition de politiques qui leur sont hostiles- se manifeste une fois de plus à travers ce projet inutile, coûteux et destructeur.

Au lendemain de la COP21, la vacuité des engagements de nos gouverneurs apparaît une fois de plus au grand jour, quand ce sont ceux-là même qui donnent leur accord pour qu’un projet autoroutier vienne détruire ce qu’il reste de campagne et de biodiversité entre Lyon et Saint-Étienne, agresser l’activité agricole locale et favoriser le trafic routier et les émissions de gaz à effets de serres qui lui sont liées.

Heureusement, face à l’incohérence et à l’irresponsabilité, la résistance s’organise. Pour en savoir plus sur les opposants au projet et leurs mobilisations :

Le site de la Confédération paysanne du Rhône : http://rhone.confederationpaysanne.fr/mobilisations.php?id=5047

Le site de l’association de « Sauvegarde des Coteaux du Lyonnais » (SCL) : http://www.scl-rhone.org/

Le site de l’association de « Sauvegarde des Coteaux du Jarez » (SCJ) : http://scjarez.free.fr



 
 
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